Nos Coups de Coeur 2024

Tout comme Ebi, j'ai découvert le manga dans ma prime jeunesse et cette découverte s'est faite avec les canons du genre de ma génération, à savoir Dragon Ball, Saint Seiya (bon OK, les Chevaliers du Zodiaque, I'm old) et Ken le Survivant. Tout ceci en version animé bien entendu. Plus tard, le format papier se démocratise et bien entendu, l'âge que j'avais et la culture manga acquise me poussent vers les shonens et les gros éditeurs. Mais il faut bien avouer que le shonen, bien que toujours divertissant, ne m'apporte plus le même plaisir. Attention, je ne crache pas du tout sur le genre, des pépites sortent régulièrement et l'efficacité et la profondeur de certains en font des chefs d'œuvres (oui Hunter X Hunter, c'est toi que je regarde).

Cependant, force est de reconnaître qu'une envie d'autre chose est arrivée avec le temps et ça tombe très bien car le marché du manga ayant atteint une certaine maturité en France, des éditeurs un peu plus audacieux que les mastodontes (qui le deviennent de plus en plus, audacieux)  sortent de la brume avec leurs besaces chargées d'œuvres obscures ou anciennes ou de niche, ou des fois les trois en même temps...

Le Lézard Noir, Blackbox, ou Isan sont des exemples tous plus précieux les uns que les autres. Cependant, dans ce marché, un éditeur sort du lot pour moi et comme vous l'avez vu plus haut, il s'agit de Cornélius.

J'ai connu cet éditeur grâce à leurs sorties liées à TEZUKA Osamu, le Yokozuna des mangakas. Prince Norman, Kaos, le Château de l'aurore et Sarutobi sont des lectures que j'ai apprécié mais Hato (qui est malheureusement épuisé...) a été un vrai coups de cœur. Ce manga en 3 tomes a ceci de particulier qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'un manga mais d'un roman (très) illustré. Chaque page dispose de dessins, de bulles etc... mais une grande partie de l'histoire est racontée par pavés de texte. Au delà de la qualité de l'œuvre, sa forme m'a interpelé et le fait qu'un éditeur prenne le risque de sortir cet ovni m'a poussé à me renseigner sur le reste de son catalogue. Aussi, cette lecture finie, je me suis empressé d'aller y jeter un oeil et j'y découvris une mine d'or de mangas patrimoniaux que je n'ai eu qu'une envie : dévorer. MIZUKI Shigeru, TSUGE Yoshiharu, TATSUMI Yoshihiro et une série de one shots représentant l'intégral d'auteurs publiés dans le magazine d'avant garde Garo attirèrent tout de suite mon attention. Mais aussi beaucoup de BD franco-Belge ou Américaines dont je ne peux malheureusement pas vous parler (on ne peut pas être partout que voulez vous). Tous ces mangas nous mènent vers un monstre sacré du média, que je me suis délecté à découvrir. Mention spéciale à TATSUMI Yoshihiro (l'inventeur du gekiga) et à TSUGE Yoshiharu (l'inventeur du Watakishi manga) dont la lecture, qui ne plaira pas à tout le monde s'avère passionnante.

Comparativement à leurs collègues éditeurs positionnés sur le même secteur, ils sortent assez peu de livre, ce qui pour ma part est une très bonne chose car leurs prix sont relativement élevés mais la qualité est au rendez-vous. Et la niche, comme la qualité, ça se paye...

Donc, si vous vous sentez l'âme d'un archéologue du 3e art, et que, de fait, vous consentez à vous remettre dans le contexte de la sortie de ces oeuvres (60's pour la plupart), je ne peux que vous conseiller d'aller chercher dans cette mine d'or, vous y trouverez un éditeur cohérent, respectueux des oeuvres qu'il édite (en leur offrant un superbe écrin) et de son lectorat.