Ayako

Publié le 13 novembre 2024 à 12:46

Aujourd'hui, je vais vous présenter un des très nombreux mangas d'un monument de manga et de l'animation, un créateur aussi prolifique que talentueux, qui a réinventé le manga dans les années 40 et a rendu possible grâce à un procédé révolutionnaire et encore utilisé aujourd'hui, la diffusion d'animés sur un rythme hebdomadaire, le fameux "Manga no Kami sama", TEZUKA Osamu. Et cette oeuvre, c'est Ayako.



Ayako est un manga qui a été prépublié entre janvier 1972 et juin 1973 dans le Big Comic de la Shogakukan. Après une première édition française au début des années 2000 par Akata en trois tomes, elle ressort en une grosse intégrale en 2011, édition que je chroniquerai ici et qui est toujours disponible aujourd'hui. 

 

Nous suivons l'histoire, en 1945  de la famille TENGE, riche propriétaire terrien dont la lignée remonte à plus de 500 ans. Cette famille, forte de son histoire, ne se présente pas comme la famille ordinaire dont je vous propose une présentation des différents membres :

 

  • TENGE Jiro, qui est plus ou moins le principal protagoniste, il revient de la guerre après avoir été fait prisonnier par l'ennemi. Non content de ne pas avoir eu le bon goût de mourir au combat (selon une partie de sa famille), il est de surcroît passé à l'ennemi pendant son incarcération et est aujourd'hui un espion à la solde de l'occupant.
  • TENGE Sakuemon, le père de famille, autoritaire et charismatique, il tient d'une main de fer sa famille. Il serait prêt à tout pour maintenir la réputation de celle-ci.
  • TENGE Ichiro, l'ainé des enfants de Sakuemon, il est marié à Sué et devra prendre la relève de son père après son décès, ce qu'il attend de pieds ferme.
  • TENGE Naoko, fille de Sakuemon, elle est lycéenne et membre d'un groupe de révolutionnaires d'un mouvement prolétarien.
  • TENGE Shiro, le dernier fils de la famille, il est idéaliste et très malin malgré son jeune âge.
  • TENGE Ayako, cadette de la famille, elle a 4 ans quand débute l'histoire. Cependant, sa ressemblance avec Sué, la femme d'Ichiro semble cacher un sombre secret.

L'histoire nous propose de partager le quotidien peu banal des différents protagonistes pendant une vingtaine d'années où nous pourrons suivre les pérégrinations de cette famille dysfonctionnelle.



N'y allons pas par 4 chemins, l'histoire est excellente. Tezuka nous dresse en 2 chapitres le tableau de la famille, de son histoire, de ses problématiques et un aperçu des multiples péripéties qui nous attendent. Et les quelques 17 autres chapitres s'enchainent de manière très fluide. La narration est menée tambour battant et le besoin de lire le chapitre suivant se fait réellement sentir. Nous apprenons à aimer ses personnages, à les haïr, quelque fois les deux en même temps. Au delà des  personnages, l'intrigue, avec de multiples histoires imbriquées nous pousse à lire, ou plutôt à dévorer les cases, les pages, les chapitres et finalement le pavé de 728 pages.

 

Le dessin est dans le plus pur style du Tezuka des années 70, précis et détaillé. le découpage se veut très cinématographique avec certaines pages dont l'agencement des cases est très original, ce qui est une habitude chez l'auteur. Étonnamment, nous ne retrouvons pas les personnages récurrents de l'auteur dans Ayako.


Cette image personnalise bien la maestria de l'auteur ou comment il parvient à nous faire comprendre les sentiments de ses personnages sans les écrire.


En ce qui concerne l'édition, nous avons ici une belle intégrale de plus de 700 pages donc qui demandera une méthode pour être lue convenablement. Le tome dispose d'une couverture cartonnée rajoutant encore du poids à l'ensemble. Avec les Lone wolf and cub, je me suis habitué à lire des parpaings donc je n'y ai pas vu de problématique mais la lecture n'est sans doute pas aussi confort que pour les petits tomes habituels. L'édition dispose comme d'habitude dans cette collection d'un préface intéressante précisant le contexte de l'œuvre ainsi qu'une présentation des personnages à l'intérêt plus que limité.

Cependant, le manga avait une autres fin lors de la prépublication que l'auteur a décidé de changer pour l'édition en tomes reliés et cette fin a été ajoutée par l'éditeur. Super initiative!

Enfin, il n'y a pas de pages couleurs, ce que je déplorerais toujours mais ainsi va la vie. Question de droit peut-être.

 

Au final, je pense que la conclusion va de soit, le manga est très bon et mérite d'être lu. Cependant, seinen oblige, les thèmes développés dans cette histoire ne sont sans doute pas pour tout le monde (violence familiale, viol, inceste... ) et je ne pense pas que ce manga soit la meilleure des portes d'entrée vers l'univers si riche de cet auteur magistral. Par contre, une fois que nous connaissons mieux l'auteur, c'est un de ses inblocables.


Par Xxiooup

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