Aujourd'hui, je vous propose une double critique avec pour fil conducteur un dessinateur atypique à savoir le talentueux HARA Tetsuo, le papa des 2 bangers que nous allons voir ci-après : Hokuto no Ken et Keiji.

Tout d'abord, un peu d'histoire. Hokuto no Ken a été prépublié au Japon à partir de 1984 pour une série complète en 27 tomes. Keiji, pour sa part, a été prépublié au Japon à partir de 1990. les 2 séries se suivent (avec entre les deux une mini série de 3 tomes, Cyber Blue). Si je regroupe ces 2 séries dans un article, ce n'est pas anodin, j'y trouve de nombreux points communs.

Hokuto no Ken, scénarisé par Buronson, nous narre l'épopée de Kenshiro, artiste martial errant dans un monde post-apocalyptique abandonné à la loi du plus fort. Notre protagoniste est le dernier représentant du Hokuto Shinken, art martial mortel qu'il met au service de la veuve et de l'orphelin. Sur sa route, il croisera des nombreux ennemis mais aussi des amis valeureux tous plus charismatiques les uns que les autres, et notamment un némésis des plus déterminé à contrôler le monde, le tout puissant Raoh.
Keiji de son côté, scénarisé par KEIICHIRI Ryu, se passe dans le Japon féodal, en 1582 plus précisément. MAEDA Keiji est un kabuki-mono, un samurai dont l'unique but dans la vie est la liberté. Cela fait de lui un électron libre, capable des plus grandes dingueries s'il le décide (ce qu'il fera souvent !). Il est de surcroît un colosse de presque 2m, à la force herculéenne et au parti pris souvent à contre-courant. Le destin l'enverra sur les routes du Japon combattre de terribles ennemis et rencontrer de précieux alliés.

La première apparition de Kenshiro, tout est dit en une image.
Comme on peut le voir ci-dessus, les 2 œuvres ont un plot de base relativement semblable et un déroulé qui ne l'est pas moins. Par contre, les 2 protagonistes principaux, au delà de leur force herculéenne, ne pourraient pas être plus aux antipodes. Kenshiro est taiseux, là où Keiji est exubérant. Ils savent s'entourer de camarades prêts à mourir pour eux (et certains le feront du côté de Kenshiro).
C'est d'ailleurs ici que les deux œuvres trouvent leur qualité principal selon moi. Les personnages de HARA Tetsuo, pour peu qu'ils n'aient pas le malheur d'être de la piétaille (qui elle meurt dans l'indifférence générale, d'un côté comme de l'autre du héros, et ce dans les deux mangas), sont très souvent charismatiques, les gentils sont touchants et les méchants sont haïssables. Ils ont un lore intéressant et ce même pour les ennemis qui peuvent aussi devenir des amis précieux.
Je pense d'ailleurs que cette qualité d'écriture des personnages était bien connu de l'auteur puisque les rencontres se multiplient, les nouveaux meilleurs sont assez vite oubliés soit parce que notre héros suit sa route ou tout simplement parce qu'ils sont mort. Que cela ne nous empêche pas de bouder notre plaisir de leur rencontre.

La jovialité et la joie de vivre de Keiji, pourtant sous cette apparence se cache un lourd passé.
Le scénario de chaque manga est au final un prétexte à la rencontre (même si la quête de Kenshiro est plus concrète que celle de Keiji) et aux combats, second aspect que maîtrise HARA sensei. Ils sont nombreux, violents et ne trainent pas en longueur inutilement, pas comme certains shonen d'aujourd'hui (oui One Piece, c'est toi que je regarde). Hokuto no Ken est bien plus violent que Keiji, avec notamment des scènes de violence contre des enfants où l'arrivée de Kenshiro scelle le destin du bourreau aussi assurément que Keiji trouvera toujours quelque jeune femme pour l'accompagner le soir venu. A ce propos, Le rôle des femmes est propre à l'époque à laquelle les œuvres ont été écrites bien qu'Hokuto no Ken remporte la palme des personnages féminins forts. Elles restent victimes d'hommes plus forts mais elles sont plus nombreuses et bien écrites. Keiji dispose du complexe de la femme forte ou de la prostitué avec 2 personnages féminins marquants sur toute l'œuvre, les autres étant là pour le héros.

Quoi tu es à moitié con ? Attends, je vais arranger cela.
Au niveau du dessin, on sent bien l'évolution de la maîtrise de l'artiste entre les deux séries même si on peut aussi noter cela entre le début de HnK et la fin. Dans tous les cas, les dessins sont excellents, les personnages charismatiques et toujours dans des décors fouillés. Ceci étant particulièrement impressionnant compte tenu du fait que HARA Tetsuo est atteint d'une déformation de la cornée faussant semble t'il son sens de la perspective. J'avais entendu dire que c'est ce qui expliquait que certains de ses héros apparaissent comme des géants lors de certaines scènes... Je pense pour ma part que ceci était au contraire voulu dans un but de mise en scène.
Enfin, au niveau des éditions, HnK est édité dans une perfect en 18 tomes en France par Crunchyroll. Les mangas sont donc assez épais mais avec du très bon papier et toutes les pages couleurs et bichromie/trichromie. Je n'ai rien à reprocher à cette édition. Keiji lui est édité par Mangetsu dans une édition au format classique et sans fioriture si ce n'est la couverture dans un espèce de papier fragile mais du meilleur effet. Par contre l'édition ne dispose pas des pages couleurs ce qui est bien dommage à 10€ le tome...
Au final, je trouve ces 2 œuvres très intéressantes à lire, l'auteur fait preuve d'une grande maîtrise et sait s'entourer de scénaristes de qualité. Je recommande les deux mais si je ne devais en recommander qu'une se serait assurément Hokuto no Ken qui est une masterpiece alors que Keiji n'est "juste" qu'un excellent manga. D'ailleurs, maintenant que la série est complète, je vais d'ici peu me lancer dans la lecture de Soten no Ken, la prequel à Hokuto. Vous entendrez donc parler d'HARA Tetsuo tôt ou tard...
Par Xxiooup
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